S'alimenter correctement est la problématique n°1 d'une société durable. Dans un contexte mondiale où l'élevage est le premier producteur de gaz à effet de serre et responsable du développement de souches bactériennes résistances, où l'économie délocalisée menace la souveraineté alimentaire en cas de crise économique, où 1/4 de ce qui est produit n'est pas mangé, où la même proportion des humains de notre planète ne mange pas à sa faim, où l'agriculture menace par les intrants chimiques toute la chaîne alimentaire, il est de notre devoir de choisir avec attention ce que nous mettons dans nos assiettes. Réaliser son impact, c'est comprendre que l'on encourage par ses achats un mode de production ou un autre.
"Et dire qu'il suffirait que plus personne n'en achète pour que ça ne se vende plus." Coluche
Je ne parle pas ici de santé. Ce blog traite de responsabilité individuelle envers la communauté. Il appartient à chacun de juger s'il veut oui ou non manger de façon variée et/ou diététique pour sa propre santé.
- D’une façon générale, limiter ses achats au supermarché car aucun compte n’est tenu des conditions de production et d’acheminement. En outre, les producteurs locaux ont une importance capitale dans l’économie alternative.
Les supermarchés ont grandement simplifié la vie des consommateurs au XXe siècle. Dans un contexte travailliste où le temps est toujours plus rare et précieux, pouvoir tout acheter au même endroit a de quoi séduire. Pourtant, le prix à payer est trop important pour accepter de s'en accomoder. Les modes de production, au service du système de gagnant-perdant, contribuent à l'aggravation de la crise économique dont on nous rebat les oreilles, à l'exploitation anarchique des ressources, à l'exploitation des populations et aussi de nos concitoyens, à une pollution insoutenable des océans et des sols, tout cela au seul service du capital.
- Manger globalement moins, juste le nécessaire pour être en bonne santé.
La société de consommation nous a rendu insatiables et gloutons. Se modérer, c'est aussi respecter la terre et apprendre la sobriété.
- Consommer des produits frais, locaux, biologiques, de saison. Vérifier la provenance des produits bio qui ont parfois pris l’avion.
La relocalisation de l'industrie agroalimentaire et le développement de petites exploitations agricoles durables densifient le tissu économique locale et rend un espace plus à même de se nourrir de façon autonome en cas de pénurie, d'embargo, d'écroulement de l'économie globale.
Le capital s'est emparé de l'agriculture biologique mais le logo AB ne rend pas un produit durable. Il faut tenir compte également de sa provenance et de son emballage.
- Limiter les achats d’aliments transformés, cuisiner à partir de produits bruts, faire soi-même ses yaourts, ses sauces, sa pâte à tartiner, ses gâteaux, …
Cuisiner n'est pas un plaisir pour tous. Il est vrai que cuisiner pour soi seul n'est pas toujours très stimulant. Néanmoins, lorsque cette activité est partagée, lorsque l'on prend de l'aisance, elle peut procurer énormément de satisfaction et va également dans le sens de la modération. Cela revient beaucoup moins cher, même en utilisant des produits bio et assure de ne pas absorber tous les conservateurs, colorants, intrants chimiques, matières grasses saturées qui envahissent tous les plats préparés.
- Boycotter les produits contenant de l’huile de palme (l’appellation « matière grasse végétale » est systématiquement de l’huile de palme) qui contribue à la déforestation galopante, à la confiscation de terres agricoles et au massacre abject des grands primates.
L'huile de palme est partout. Dans les gâteaux, le chocolat, la glace, le shampooing, les pizzas, les nouilles instantanées, le pain de mie ... Cuisiner à partir de produits bruts permet de s'en affranchir. De nombreux sites permettent aussi de fabriquer soi-même ses produits ménagers et d'hygiène. Une simple lecture des emballages permet d'en déceler la présence sous différentes appellations ci -après.
Vegetable oil, vegetable fat, palm kernel, Palm Kernel Oil, palm fruit oil, palmate, palmitate, palmolein, glyceryl, stearate, stearic acid, elaeis guineensis, palmitic acid, palm stearine, palmitoyl oxostearamide, palmitoyl tetrapeptide-3, sodium laureth sulfate, sodium lauryl sulfate, sodium kernelate, sodium palm kernelate, sodium lauryl lactylate/sulphate, hyrated palm glycerides, etyl Palmitate, octyl palmitate, palmityl alcohol.
- Limiter sa consommation de viande et de poisson (choisir soigneusement la provenance) ou être végétarien.
Le cas de la viande est probablement le moins consensuel de tous. On oppose souvent les mangeurs de viande aux végétariens et chaque camp défend farouchement ses positions en méprisant l'autre. Etant végétarienne depuis presqu'un an, je reste néanmoins ouverte au débat sur le sujet car je le pense très important et je ne pense pas que l'on puisse le résumer à "bouffeurs de tofu" VS les autres.
Le débat sur la viande est un débat écologiste et éthique. Certains le résument au meurtre de 100 milliards de vies sensibles et conscientes par an. C'est un élément. Mais il ne convaincra pas l'immense majorité des personnes qui ne se rendent plus compte que ce qu'ils mangent a été vivant à un moment, ni ceux qui placent l'humain au dessus de toutes les autres espèces et considèrent normal l'asservissement de toute vie par l'homme (les spécistes).
Je serai plus pragmatique. Un kilo de viande demande la production de 16 kg de céréales et 15 m² d’eau, sans compter le bilan carbone. La consommation de viande d'un Français moyen sur 6 jours demande la même quantité d'eau que ce même Français moyen va utiliser pour se laver en 1 an. Nos choix en terme de consommation de viande ont davantage d'impact sur nos émissions de gaz à effet de serre que nos choix en terme de transport. Les émissions de la simple industrie de l'élevage constituerait selon une étude récente du WorldWatch Institute, 51% des émissions globales, davantage que les transports aériens, maritimes et routiers réunis.
Question poisson et fruits de mer, il est estimé que dans 50 ans, tous les océans seront vides si la consommation est maintenue avec cette pression sur le milieu. Ce sera sûrement moins car moins il y a à pêcher, plus il y aura un intérêt économique à tout prendre car les prix vont flamber.
- Limiter sa consommation de produits importés qui se sont banalisés dans notre quotidien mais ont un impact inimaginable (thé, café, chocolat, vanille, banane, noix de coco, …).
Nous vivons dans une société mondialisée où le chocolat, le café, les fruits exotiques, font partie de notre quotidien. Il convient néanmoins de se rappeler que ces produits viennent d'ailleurs et que leur transport demande beaucoup d'énergie et contribue beaucoup au changement climatique.
- Boire bien sûr l’eau du robinet.
Boire l'eau du robinet et ne pas consommer de jus industriels ni de sodas est un des gestes-clés. En évitant chaque année la production de 500 à 600 emballages plastiques et Tetrapak, on contribue à protéger les océans. 1,5 million de mammifères marins et de tortues meurent chaque année à cause d'ingestions de plastiques dans le monde.
On peut faire facilement des jus avec des fruits frais (éviter les fruits exotiques et agrumes) et c'est délicieux !
- Limiter tous les emballages, boycotter le plastique, réutiliser ses caisses, ses pots et ses sacs autant que possible.
Sortir du tout-plastique est une lutte de chaque instant. Pourtant, c'est un enjeu absolument majeur car une grande partie n'est jamais recyclé et ce qui est recyclé demande énormément d'énergie et d'eau. Diminuer le volume de ses poubelles est aussi une satisfaction.
- Produire si possible certains légumes soi-même. Apprendre à reconnaître dans la nature les plantes et aromates comestibles.
Pour ceux qui habitent à la campagne ou simplement disposent d'un petit jardin.