Pensée alternative
La pensée alternative repose sur une logique qui refuse de prendre en compte l'argent comme finalité et se base sur ce qui est possible et éthiquement acceptable pour mener une vie en tout point responsable et heureuse. Elle mise sur des sacrifices relatifs qui ne remettent pas en cause le niveau de vie et de confort que nous avons acquis lors de ces dernières décennies mais éliminent le gaspillage et le superflu, qui n'ont pas d'influence sur le bonheur.
La Sobriété Heureuse repose sur une approche qui transcende le consumérisme et tous paradigmes reposant uniquement sur des aspects économiques.
LA PENSEE ALTERNATIVE EN ACTION :
- Réfléchir systématiquement à chacun de ses actes d’un point de vue global en multipliant son impact, social et écologique, par 7 milliards d’êtres humains.
C'est le point de départ. Chaque individu a une action assez insignifiante sur notre société et son fonctionnement. C'est néanmoins en partant du principe que de nombreuses autres personnes vont réaliser les mêmes raisonnements qui vont les amener aux mêmes conclusions qu'il est possible d'envisager une action durable et un effet réel.
Cela vaut pour les actions positives comme pour les actions négatives. Donner une toute petite somme d'argent à une association, donner 1h de son temps, c'est participer activement au projet de celle-ci. A l'inverse, acheter un article premier prix au supermarché, c'est cautionner activement un mode de production et de distribution.
Aucun acte n'est réellement anodin puisqu'il est potentiellement effectué 7 milliards de fois.
- Accepter de payer plus cher des produits plus éthiques.
La question économique revient souvent lorsqu'il s'agit des produits dits "éthiques". Cette appelation est à nuancer et à prendre avec des pincettes. Les labels commerciaux ne sont en aucun cas des garanties du produit "parfait".
Un article produit dans des conditions sociales acceptables sera forcément plus cher à produire. Cette différence peut être accentuée ou diminuée en arrivant jusqu'à l'acheteur mais il ne faudra pas en tirer de conclusion hâtive.
Moyennant ces précautions, on peut souvent constater qu'un produit local, frais, biologique, ... peut être plus cher pour une multitude de raisons, qu'un produit conventionnel. Il convient de se questionner alors sur l'importance que l'on donne à encourager telle ou telle initiative. La majorité du temps, la différence se justifie amplement. C'est également une mise sur l'avenir, à savoir qu'un produit sur lequel la demande augmente verra ses volumes de production augmenter et donc ses tarifs logiquement diminuer d'autant.
Il est aussi vrai que les économies réalisées par ailleurs en faisant tout soi même et en se passant du reste sont suffisamment substantielles pour ne plus guère se poser la question ensuite.
- Penser de façon non-conventionnelle à la gestion du quotidien et à la résolution de chaque problème. Diffuser ses idées et en débattre pour les faire mûrir.
C'est souvent en repensant notre rapport au temps que l'on peut avoir une vision alternative de la gestion du quotidien. Si l'on a à peine le temps de se faire à manger avant de s'écrouler et recommencer le lendemain, il y a peu de chance que l'on se demande comment fabriquer soi-même son détergent ou trouver un moyen de se passer d'une chose dont on a l'impression d'avoir absolument besoin.
Il s'agit en fait d'une curiosité qui se retrouve, lorsque l'on a le temps, de résoudre tous les besoins du quotidien par des initiatives basées sur la récupération, l'entraide, le fait-maison dans tous les domaines (bricolage, cuisine, informatique, cadeaux...). Cela peut être stimulant que de se dire : "je décide que cela ne me coûtera pas un centime" ou "moins de 2€ et sans impliquer de plastique", etc. Créer est un facteur indéniable de bonheur. Et quelle joie de montrer sa débrouillardise aux gens que l'on aime !
- Débarrasser sa vie d’un superficiel qui alourdit et complique l’existence. Redéfinir sa notion de besoin et de réussite sociale. Faire ce que l’on aime, sans attendre l’hypothétique pouvoir d’acheter sa liberté de le faire plus tard.
La société travailliste s'appuie sur la promesse factice selon laquelle l'employé troque son travail contre de l'argent qui lui permet d'acheter la liberté de faire ce qu'il souhaite pendant son temps libre et quand il sera à la retraite. Le temps perdu à effectuer une activité, si elle n'est pas source de bonheur, ne peut être compensée par un gain d'argent.
- Ne pas acheter/faire des choses juste parce que c’est possible. Réfléchir aux conséquences.
Beaucoup d'objets, notamment fabriqués en Asie, ont un prix modique, voire ridiculement bas. Il est dans ce cas possible, bien que non souhaitable, d'acheter des choses sans même savoir si cela servira. Juste, dans le doute. Mais l'impact environnemental et social est bien réel.
- Economiser l’énergie (électricité et essence) par tous les moyens possibles.
Toutes les personnes un brin sensibilisées à l'environnement le savent, la seule énergie propre c'est celle que l'on ne consomme pas ! Il est possible d'économiser une grande quantité d'énergie sans que cela ait d'impact sur notre confort : éteindre les appareils en veille, éteindre les lumières, ne pas mettre le chauffage lorsque l'on est pas là, ne pas prendre la voiture pour faire 500m, cuisiner des quantités plus importantes,... et autres initiatives de bon sens. On peut aller plus loin en décidant de limiter son activité internet (notamment sur mobile) et de regarder moins la télévision.
- Privilégier les activités mutualisées, la colocation, la collaboration et le troc.
Toutes les actions effectuées en commun (déplacements, ...) et les objets réutilisés ou partagés mènent à des économies substantielles d'énergie et de ressources ainsi qu'au développement de relations saines et désintéressées entre les individus.
- Ne pas accepter que l’argent soit le centre de l’existence humaine et le considérer comme un simple moyen d’échange, une énergie à faire circuler.
Le frein à l'émergence d'une société plus juste et d'une distribution plus équitable des richesses est une inertie importante du système économique et sa prédominence dans tous les aspects de la vie. En considérant l'argent comme moyen et plus comme but, on peut repositionner son existence et accepter de prendre davantage de risques et s'engager pour un monde plus juste.
- Se souvenir que la générosité n’est pas de donner ce que l’on a en trop et que l’on ne veut plus, mais bien partager ce que l’on possède, quitte à voir sa propre part diminuer.
La distribution mondiale des ressources nous met devant un constat à prendre en considération lors de toutes nos actions du quotidien : ce que l'on a en trop est en fait soustrait à quelqu'un d'autre. Se débarasser activement du superflu et rogner sur ce que l'on considère comme acquis, c'est favoriser la redistribution de la ressource et l'émergence d'alternatives.
- Exercer une activité sobre, c'est-à-dire ne nuisant pas ni à l'environnement ni à d'autres personnes, de façon directe ou indirecte.
Choisir son activité est un questionnement qui peut durer tout une vie. Qu'elle soit constructive, simple ou artistique, une activité sobre a la particularité d'être en cohérence avec vos valeurs et votre engagement, de façon responsable. Il est vital de toujours rester critique vis-à-vis des gens qui ont une position hiérarchique supérieure le cas échéant et à vos conditions de travail au sens large (consommation d'énergie, de matière, travail d'autres personnes, notion d'utilité de ce qui est produit ou réalisé). Une activité sobre remet l'humain au coeur de la problématique du changement, elle lui permet de s'épanouir personnellement au sein d'un groupe.
OBJECTION !
On ne peut pas tous être photographe, ornithologue ou maraîcher bio ! A part aggraver la crise en cessant de consommer, je ne vois pas ce que ça change, il faut bien gagner son pain.
A ceux qui disent que pendant que d'autres s'amusent, certains doivent faire tourner les turbines de la société, je réponds que lorsque l'on ne prend pas part à la consommation de masse et au gaspillage en redéfinissant sa notion de besoin, on n'a pas besoin qu'elles tournent si vite, ces turbines. Les activités artistiques et celles respectant la nature sont les principaux vecteurs de bonheur et d'échanges. Elles sont plus utiles, au sein d'une société en transition, que toutes les autres activités, qui peuvent continuer à exister mais dans des proportions drastiquement inférieures. De plus, la crise s'autoalimente par de mauvais choix de consommation, elle n'est et ne sera jamais le fruit de l'alternatif qui redéfinit le tissu économique de façon locale et solide.