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Résistance et transition
20 juillet 2016

"Je vis dehors, dedans je meurs"

Damasio-ZoneDehors

Aujourd'hui, je viens de finir le meilleur livre de science-fiction dystopique que j'ai jamais lu et qui est pourtant une oeuvre assez largement inconnue du grand public, La Zone du Dehors d'Alain Damasio.

"Ce livre a été écrit dans un but, unique : comprendre, en Occident, à la fin du vingtième, pourquoi et comment se révolter. Contre qui ? ajouteront certains en guise de prolongement, mais déjà ça glisse, ça devient incertain et flaqué, car la question, que posent ces nouveaux pouvoirs auquel chacun de nous est aujourd'hui confronté, dans son corps, aux tripes même, sans le vouloir, sans s'en dépêtrer, d'où qu'il se tienne, hautain même, indifférent ou narquois, cette question est devenue : contre quoi ?"

L'histoire se situe en 2084, pour le clin d'oeil au roman d'Orwell, et met en scène la civilisation nouvelle d'une élite exilée sur les anneaux de Saturne, alors que la Terre sombre dans le chaos d'une guerre chimique. Dans cette nouvelle démocratie totalitaire où les désirs des citoyens sont provoqués, analysés, normés et où la hiérarchie est définie par le Clastre (un grand examen où chacun est évalué par rapport à son intelligence, sa sociabilité, sa personnalité et ses aptitudes), seule la Volte, un organisme révolutionnaire qui recherche les soubresauts de la vie dans l'aseptie, se débat pour changer les choses. La Volte sans le "ré", c'est "ce qu'il y [a] au creux de [nos] ventres, ce qui bouge encore là-dedans."

"Souriez, vous êtes gérés." Le décor de la trame narrative que je n'entends en rien décrire ici (je vous laisse lire cette fabuleuse histoire), est simplement un prolongement, le plus probable, d'une société de consommation qui irait dans le sens d'une démocratie "juste".

Que voulez-vous citoyen ?

- Plus de confort.      - Plus de sécurité.   - Une hiérarchie où les plus sages et les plus généreux guident.

- Accordé.                  - Accordé.                  - Accordé.

- Plus de temps libre et de loisirs.             

- Accordé.

Aux utopistes, ce livre oppose un réalisme qu'il est difficile de dénier, surtout si le point de départ d'une révolution démocratique se faisait dans le terreau du capitalisme et de la société de consommation, maintenue sur pied par la peur de l'autre et le matérialisme.

Si on demandait leur avis à ceux qui n'ont rien à se reprocher, ils le donneraient. Ils modèleraient l'avenir avec force caméras, puces dans le corps, péages, supermarchés, véhicules individuels et réalité augmentée (comprenez télévision holographique et jeux vidéo immersifs). Voilà le monde idéal pour le citoyen-modèle.

Alors, contre qui on se bat ?

Contre les médias qui normalisent la pensée et les désirs, les transformant en besoin à assouvir immédiatement.

Contre l'éducation, qui au lieu d'élever l'homme, de développer son potentiel créatif et collaboratif, l'enferme dans la peur de l'autre et la compétition.

Contre soi-même.

"Ce qu'il faut faire ? D'abord arrêter de se lamenter et descendre de la croix ! Enlever les clous dans les mains ! Tous les pouvoirs ont intérêt à nous communiquer des sentiments tristes, des sentiments pauvres. A nous de leur opposer un peu de subversion et de joie de vivre."

"POUR QUE VIVE LA VOLTE !"

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Résistance et transition
  • Ne vous y trompez pas ! Le colibri de la fable ne trie pas ses déchets, il ne prend pas des douches plus courtes, il ne fait pas du covoiturage, il utilise la totalité de son énergie vitale pour éteindre l'incendie dans la forêt qu'il aime. Soyons uni.e.s.
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