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Résistance et transition
26 septembre 2018

Crudivorisme, jeûne et sobriété

Puisque j'aime traiter des sujets variés dans mes articles, ayant néanmoins de commun de proposer des réflexions systémiques, je voudrais aujourd'hui aborder de nouveau un sujet alimentaire. La nourriture reste le principal levier de civilisation et un problème récurrent de résilience parce que c'est le seul truc qui nous relie tous, dont on a tous besoin puisqu'on ne sait pas forcément encore (en tout cas pas tous) se nourrir de photons.

Parler de bouffe ne m'est pas arrivé depuis plusieurs années sur ce blog. Je suis végétarienne à tendance végétalienne, avec plus ou moins de flexibilité depuis 2014 (deux ans strictement vegan) et il ne m'était pas vraiment arrivé depuis cette transition vers une alimentation 95-100% végétale de réfléchir à des façons d'aller plus loin, pour ma santé, dans l'optique de l'effondrement et pour la résilience sociétale. Aujourd'hui, je me dis que j'ai manqué tout un pan de ce que j'aurais pu découvrir bien plus tôt, que j'avais jugé, sans savoir de quoi il retournait vraiment, comme ne pouvant pas me correspondre.

J'ai un tempérament très addictif de façon générale et envers la nourriture en particulier. Je suis d'une gourmandise qui confine à la gloutonnerie. Pour moi, il est donc difficile de me discipliner, de considérer que je ne devrais pas manger ceci ou celà, ne pas me resservir, alors que les choses sont devant mon nez. C'est d'autant plus gênant que je fais preuve d'une sobriété très forte concernant les autres aspects de ma vie, jamais de vêtements neufs ou de technologie récente, uniquement le strict nécessaire, pas de smartphone, peu de déchets, ...
Pour en arriver à avoir une alimentation végétale, il m'a fallu verrouiller psychiquement quelque chose et décider, en conscience, de ne plus considérer les produits animaux, en premier lieu la viande, comme des aliments. J'arrivais d'assez loin en ayant été élevée aux coquillettes-jambon, avec très peu de légumes et de fruits. Je mange toujours assez peu de fruits d'ailleurs, uniquement ceux que je trouve dans la nature ou qu'on me donne, principalement en raison de leur coût prohibitif en bio. J'ai donc commencé par intégrer à mon alimentation d'avantages de légumineuses, des légumes cuits, des oléagineux, bref, ce qui me semblait goûteux avec toujours cette obsession latente et absolument inutile des végétariens/liens pour les protéines. Le cru était assez loin de mon horizon.

Et puis j'ai fait une rencontre cet été, et puis j'ai lu à ce sujet, et puis je me suis posée de lourdes questions : pourquoi cuit-on les aliments alors qu'autant de choses qui poussent se mangent crues, que la cuisson coûte une énergie importante et dégrade les nutriments ? La réponse semblait davantage une question d'habitudes, ou bien de goût. Mais le goût aussi se dégrade et manger froid fait ressortir énormément de saveurs qui ne ressortent jamais d'un plat chaud. L'habitude seulement ? Peut-être bien.

J'ai retroussé mes manches avec l'idée que j'allais passer encore plus de temps en cuisine qu'avant, que j'allais découvrir de nouvelles choses comme avec le végétalisme mais que ça allait être encore plus compliqué, que j'allais devoir acquérir des produits aux noms barbares. Je ne pouvais pas me tromper davantage. Déjà par la simplicité de composer une assiette crue et aussi parce que, c'est évident mais je ne l'avais même pas anticipé, eh bien c'est la cuisson qui fait que l'évier déborde de poëles, de casseroles et de plats à gratin impossibles à récupérer ! Je me retrouvai à n'avoir à laver que des assiettes et une planche à découper alors que ce que je déteste le plus au monde je crois, à part le capitalisme et peut-être Macron, c'est faire la vaisselle. J'ai toujours cuisiné en collectivité parce que j'aimais ça mais aussi parce que cela me dispensait de vaisselle.

J'avais déjà mis le nez dans la pâtisserie crue auparavant, ne serait-ce que parce que son empereur est le tiramisu et que le tiramisu c'est le deuxième meilleur truc de la vie. Mais en fait, on peut composer les meilleurs ensembles du monde avec 5 ou 6 ingrédients magiques : des dattes, dü`cacao cru, des oléagineux (bruts, en poudre, en purée), de l'huile ou de la crème de coco, un sucrant (sirop d'agave, rapadura, xylitol, miel) et des fruits frais. On est forcément sans gluten, sans sucre raffiné et végétalien, ce qui est assez inclusif et diablement sain.

En fait, ce qu'il y a de fabuleux avec le cru, c'est qu'on mange infiniment mieux, infiniment moins, qu'on n'utilise plus l'énergie d'une plaque ou d'un four et que rien n'est frustrant puisque le corps comprend rapidement que tout ce qui lui arrive est hyper dense. Exit les calories vides de la deuxième assiette de pâtes au pesto, la faim puisque je peux manger "tout le temps", la détresse quand je suis en voyage parce que rien de transformé ne convient à mon éthique, une courgette et c'est reparti. Je pense que j'ai encore divisé par 2 ou 3 l'impact de chacun de mes repas (déjà divisé par 10 en étant végé et en consommant bio et local quand c'est possible).

Comment battre ce record de bilan carbone le plus bas pour un repas ? En ne mangeant pas. Alors oui, maintenant on va me dire que l'acte écologique ultime c'est le suicide et je vais dire "nan, désolée j'aime trop la vie !". Mais les vertus d'un jeûne hydrique (un jeûne où on boit... de l'eau) m'attirait depuis longtemps et j'ai profité de cette recherche à sortir de mon rapport compulsif à la nourriture pour tester 5 jours sans manger. Sans mysticisme. Simplement dans l'idée que mon corps aimerait sûrement se reposer après les 1000 bornes à pied que j'ai fait en 3 mois et que je pouvais justement le tenter après cela sans risquer une fonte musculaire absurde. Je ne cache pas qu'un jeûne est compliqué, parce que je vis en colloc et que je vois tout le temps tout le monde manger, parce que le sevrage, même bien préparé, est difficile et la reprise aussi (!) et qu'en sortie avec des ami.e.s les tisanes c'est un peu chiant. J'en ressors néanmoins avec la ferme intention de renouveler régulièrement l'expérience afin que mon corps ait tout loisir de se reposer parfois de l'agression que représente souvent le fait de manger des produits dits biocidiques. J'explique.

Les aliments peuvent être classés en 4 catégories :

- biogéniques (type 1), les aliments qui contiennent un "potentiel de vie", les graines et oléagineux germés ou "activés" par trempage.

- bioactifs (type 2), les aliments qui sont vivants, principalement les légumes, fruits, oléagineux crus

- biostatiques (type 3), les aliments qui ont perdu leur activité de vie, les aliments bioactifs cuits, les céréales cuites

- biocidiques (type 4), un peu tout le reste, les aliments transformés de façon générale, raffinés, sucrés, pasteurisés, en boîte, etc.

Notre alimentation de civilisation contient globalement et presque uniquement du 3 et du 4 et même la cuisine traditionnelle maison est une vaste entreprise de dégradation des nutriments présents dans l'alimentation. C'est donc une déconstruction totale de ce que l'on a l'habitude de faire qui s'entâme en cherchant à conommer principalement du cru et du vivant (1 et 2).

SI j'y trouve mon compte et même bien au delà, ceci n'est pas forcément adaptable à tout le monde et il est crucial de ne jamais se brusquer lorsque l'on souhaite changer quelque chose d'aussi important dans sa vie que son rapport à la nourriture. Mais manger moins, c'est aussi pour toutes les bourses pouvoir manger mieux, biologique, frais, cru, vivant. Des graines germées soi-même ça ne coûte rien et c'est fantastique. Récupérer des légumes à la fin des marchés, se baffrer de mûres en balade, c'est gratuit aussi. On a tous une carte à jouer pour faire de notre civilisation de l'excès et du "porno alimentaire", une civilisation plus sobre, pour que la crise alimentaire programmée n'ait pas lieu. Vous me direz que je suis extrême mais une société qui se dirige vers l'apocalypse tranquillement parce qu'il est plus diffile d'envisager la sobriété que la mort, ça n'est pas un peu extrême ?

A vous de jouer et de vous régaler !

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Résistance et transition
  • Ne vous y trompez pas ! Le colibri de la fable ne trie pas ses déchets, il ne prend pas des douches plus courtes, il ne fait pas du covoiturage, il utilise la totalité de son énergie vitale pour éteindre l'incendie dans la forêt qu'il aime. Soyons uni.e.s.
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