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Résistance et transition
20 septembre 2018

J’AI MARCHE DE LA HAGUE A PARIS

ou « ce que je retiens des 500 km parcourus, de la vingtaine de conférences à laquelle j’ai assisté et des rencontres sur la route »

Antinucléaires en question

J’ai entendu parler de la Grande Marche sur une autre marche, figurez-vous. La Solidaire, celle pour les migrant.e.s de ce printemps. Etrange de vouloir ajouter, après 500 km de Dijon à Calais, 500 autres, avec les mêmes chaussures pour ainsi dire, pour une cause aussi fondamentalement autre. 

Mais d’une certaine façon, c’était nécessaire. Marcher engage le corps, engage l’esprit. J’en fais l’éloge à tou.te.s celleux qui se questionnent. Quelque soit la question, elle trouvera réponse en cheminant. N’excluez pas, néanmoins, d’en voir apparaître d’autres que vous n’aviez guère anticipées.

Si l’association éphémère qui organise la Marche se nomme sobrement « Nucléaire en questions », est-il vraiment ici possible de s’y tromper ? Remettre le nucléaire en question bien sûr est légitime, mais cela signifie d’avoir, sinon pris position, du moins une farouche envie de s’informer sur ce qui est caché, ce qui dysfonctionne. C’est donc une cohorte de convaincu.e.s qui marche et se joint aux conférences. Plutôt des antinucléaires, disons des gros mots.

C’est dans cette optique-là en tout cas, que moi je suis arrivée. J’étais contre cette énergie mais j’avais besoin de davantage être capable d’expliquer pourquoi. Comme ces intuitions que vous avez, et pour lesquelles on se moque de vous car vous n’avez pas d’arguments et passez pour un mystique.

Dans un pays où 70% de l’électricité est nucléaire, quand vous dites schématiquement que « le nucléaire c’est mal », on arrive rapidement au point « bougie » de la conversation. L’échange peut s’arrêter là. La sobriété et l’efficacité énergétiques sont des concepts presque plus difficiles à expliquer qu’à vivre. Mais j’avais déjà lu le scénario NegaWatt et j’avais donc quelques abstractions à proposer. Pour le reste, le danger réel du nucléaire, l’impact sur la santé, l’état des centrales, la sûreté et la sécurité, la législation, l’arme atomique, le retraitement et les déchets, je suis arrivée là aussi ignorante que curieuse. Et j’étais très curieuse.

Je marche donc je suis

Je suis une militante anticapitaliste tendance « convergence des luttes », dont le cheval de bataille principal depuis deux ans était davantage l’aide aux exilé.e.s que l’écologie pure. Je suis cependant végétarienne, décroissante et nomade depuis bien longtemps, en colère que la biodiversité s’écroule « pour que notre foutue société puisse regarder sa télé ». Je sais aussi que les citoyen.ne.s ont peu la main sur le décisionnel, l’exécutif politique. Si je marche, si je milite, c’est pour une rupture idéologique, une (r)évolution consciente, pas parce que je pense que les politiques vont nous regarder et d’un coup d’un seul se dire « OK, on arrête le nucléaire, vingt clampins qui marchent, ça force le respect ! ».

On est attiré par le format de cette marche, je trouve. Des étapes assez courtes, des conférences chaque soir ou presque sur des sujets variés, une alimentation végétale de qualité. A la base, je pensais ne faire que la moitié du trajet et puis j’ai rapidement su que, finalement non, j’irai avec eux jusqu’au terme. Août aura donc été le mois de l’émotion, de connaissances engrangées, de grandes amitiés déployées, de questionnements vastes.

Le choix des conférencier.e.s, le niveau d’expertise, les thématiques choisies et l’espace du débat avaient de quoi ravir tout le monde, néophytes comme militant.e.s déjà assez informé.e.s.

Parler avec des « hiboux » de la lutte de Bure, comprendre les implications de Greenpeace dans la lutte, les recours légaux possibles contre le nucléaire, les relations incestueuses entre EDF et Enedis nous ont conforté dans une certaine idée de l’importance de ce combat.

Une importance que nous pourrons porter ailleurs, dans d’autres sphères, sous d’autres formes, mais toujours avec détermination, car nous savons.  

Histoire et bilan de l’ère nucléaire

Du militaire au civil : le retraitement au service de la dissuasion

Je suis arrivée sur la marche à Bricquebec le quatrième jour et, ce jour-là, la conférence portait sur l’extraction du plutonium à la Hague. C’était une entrée en matière saisissante tout autant qu’affligeante de comprendre l’agenda politique qui se cachait, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, derrière le déploiement du nucléaire comme source d’énergie civile. En effet, dans le contexte du début de la guerre froide et de la renaissance militaire de la France finalement victorieuse, les politiques, en particulier le général de Gaulle, ont créé le programme nucléaire civil français pour déguiser leur volonté impérieuse de développer la bombe atomique au plutonium (celle déployée lors de l’attaque terroriste américaine sur Nagasaki, différent de la bombe à l’uranium d’Hiroshima). Ce choix stratégique impliquait de produire du plutonium, qui n’existe pas à l’état naturel et ce, par l’utilisation de réacteurs nucléaires et du retraitement du combustible usé, qui contient moins de 1% de plutonium, pour l’extraction de ce dernier. Une entreprise complexe, polluante, demandant de déployer un budget et une force de travail considérables qu’il fallait bien déguiser sous une couverture acceptable pour l’opinion. Et c’est ainsi que, alors qu’il ne s’agissait que d’une externalité d’une politique militaire qui a permis le développement et le remplacement de centaines de milliers de têtes nucléaires au cours du XXe siècle, les réacteurs nucléaires français furent présentés dans le discours politique comme des usines à énergie et l’usine d’extraction du plutonium de la Hague comme une usine de retraitement des déchets alors qu’elle ne réduit aucune radioactivité et qu’elle ne fait que produire lors du processus d’extraction du plutonium davantage de déchets nucléaires pour lesquels aucune solution pérenne n’existe, seulement des projets de stockage en surface, d’enfouissement et de dispersion sur le territoire dans des matériaux de construction…

Le discours ambiant rassurant sur le retraitement parle toujours de matériau recyclable qui pourrait être utilisé dans des réacteurs nouvelle génération mais ces technologies, coûteuses et dangereuses comme les EPR, Superphénix et différents réacteurs dit Moxés, ne sont pas au point (malgré le fait que la France les vend à l’étranger, en Angleterre, en Inde, etc) et on peut espérer pour le bien de l’humanité qu’elles ne le seront jamais, au point, pour éviter de faire peser sur les populations un risque de catastrophe à côté de laquelle Fukushima ferait figure d’incident sans gravité.

Aujourd’hui, le constat est assez terrifiant puisque le stock de plutonium (une matière dangereuse dont la surveillance doit être militarisée) en France est tel que désormais on réfléchit à en réinjecter dans les réacteurs pour le faire « disparaître »… on continue pourtant à l’extraire du combustible irradié car on ne peut reconnaître politiquement que la Hague a toujours été un outil militaire et on préfère nager consciemment dans l’absurde, causant aux écosystèmes et populations normandes des dommages irréversibles.

Nucléaire et démocratie : autoritarisme et centralisation

Le constat du lien fort entre l’Etat français dans sa puissante militaire et le lobby du nucléaire dans le pays permet de mieux comprendre les décisions arbitraires, la répression et les mensonges qui jalonnent partout le chemin du militant anti-nucléaire. On se souvient des images de la répression policière à Plogoff en 1980 où des dames âgées se font frapper au sol et du nuage de Tchernobyl « bloqué à la frontière » ; on ne s’étonne plus de l’entêtement, pourtant insensé, de l’Etat à construire à Flamanville un EPR déjà défectueux, dangereux et insuffisamment protégé des actes de malveillance (affaire du vol des 150 cadenas, affaire du survol du parc nucléaire par des drones, probablement israéliens ou russes que je vous laisse chercher dans la presse) avant même sa mise en fonction, ou encore plus récemment des miliciens de l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs) qui versent de l’essence sur des militants à Bure qui s’opposent à la destruction illégale de la forêt.

Aujourd’hui, le parc nucléaire français vieillit et sa vétusté non anticipée économiquement fait peser une lourde menace sur la sureté nucléaire et sur la sécurité énergétique globale de la France, dans le contexte de défaillances de plus en plus fréquentes et du changement climatique qui force des arrêts incessants de réacteurs, par défaut de refroidissement, sans compter le réchauffement des cours d’eau qui menace la vie halieutique. Le nucléaire a toujours été considéré comme une énergie peu chère, sans considération de la gestion des déchets sur des périodes « géologiques » dont le dimensionnement économique est impossible. Aujourd’hui, avec le projet du « grand carénage », autrement dit le grand rafistolage du parc nucléaire français, EDF se met dans une situation économique impossible en n’ayant pas envisagé la fermeture et le démantèlement et en poursuivant une fuite en avant financièrement démentielle et dangereuse. Comme pour quasiment tous les projets imposés par l’Etat dont les coûts sont systématiquement sous-estimés, la cour des comptes double ou triple les chiffres annoncés par EDF pour arriver à plus de 100 milliards d’euros pour donner seulement 10 ou 15 ans de plus d’un sursis bancal aux 19 centrales françaises et leurs 58 réacteurs, plutôt que de mettre cet argent dans la transition énergétique et le démantèlement, de toute façon indispensables.

Cet argent qu’EDF n’a pas actuellement du fait de sa situation financière catastrophique pourrait être récupéré auprès de l’économiquement florissant prestataire Enedis dont il est actionnaire majoritaire (à 70%) lors du déploiement sous-traité et sauvage du compteur connecté Linky. Cela explique les méthodes abjectes d’Enedis contre la résistance citoyenne aux remplacements des compteurs via des violations multiples de la loi (violation de la propriété, installations de nuit, intimidations des personnes vulnérables, …). Résister contre Linky est donc indirectement une action contre EDF et son programme nucléaire.

Le nucléaire est un argument fort de la centralisation du pouvoir national, seul capable de gérer des menaces aussi importantes que la dangerosité des réacteurs et autres sites nucléaires qu’il a lui-même mis en place. C’est par là une menace politique à la démocratie et l’autodétermination du peuple et une prise d’otage, notamment dans le cas d’une révolution, une guerre civile ou un effondrement de civilisation (ce qui n’est dans les faits qu’une question de temps).

Nucléaire et déchets : le projet-clé d’enfouissement à Bure

La problématique des déchets n’est pas nouvelle. Depuis le déploiement massif de cette énergie, et pas seulement en France, outre la sécurité et la sûreté, les gouvernements ont dû faire face à un nouveau type d’externalités qu’aucune autre industrie ne peut se targuer de produire : des déchets hautement toxiques, sans dose d’innocuité, dangereux sur un nombre de générations humaines inquantifiable. Jusqu’ici, la « gestion » a toujours été contournée, éludée et les déchets, aujourd’hui évalués à 1,5 millions de m3 en France (près de 5 millions prospectifs pour le démantèlement du parc existant) sont aujourd’hui un peu partout, aussi là où ils ne devraient pas être, « stockés » près des installations, dans des conditions mauvaises, avec une saturation désormais totale de toutes les structures, déplacés ça et là en fret ferroviaire trop peu radio-protégé. C’est comme si on avait construit un superbe loft sans prévoir de toilettes et qu’on se demandait seulement maintenant s’il valait mieux faire nos besoins dans la cuisine, dans la chambre, dans le bureau, centraliser ou en mettre un peu partout.

Mais revenons sur la production. Schématiquement, à la sortie d’un réacteur et une fois le plutonium extrait du combustible usé, 95% de ce qu’il reste sont des déchets de faible ou moyenne activité, stockés en surface ou à faible profondeur, mais le plus problématique reste les 4 à 5% qui constituent ce que l’on appelle les déchets HA pour Haute Activité qui sont très radioactifs (> 1GBq/g) et dont la demi-vie va de 100 jours à la bagatelle de 10 millions d’années. Là intervient le sulfureux projet CIGEO à Bure qui rencontre ce que j’appellerais sobrement « une certaine résistance ». L’idée est d’enfouir ces déchets, les plus dangereux, à 500 mètres de profondeur, dans une forêt (le bois Lejuc). Non content de s’occuper simplement de nos déchets franco-français (chacun sa merde !), l’ANDRA aime bien en importer, histoire de vendre la solution miracle du retraitement et de l’enfouissement contre de très juteux contrats, notamment au Japon et à l’Allemagne. S’il est courant de se poser la question de « ce qu’on peut bien faire d’autre que de les enterrer », l’idée que l’on ne pourrait pas les garder en surface (à l’œil) est facile à démonter puisque la place est bien trouvée pour la majorité du volume produit (les FA et MA, faible et moyenne activité). On dirait bien donc qu’on essaye de mettre la poussière radioactive sous le tapis. Il est inconsidéré pourtant de penser qu’une telle installation pourrait tenir une centaine de millénaires avec une maintenance adaptée. C’est absurde de même le suggérer alors que notre civilisation technologique ne peut pas survivre à l’érosion de la biodiversité et au pillage des ressources qui menacent la stabilité de tout un paradigme social. 100 000 ans pour une installation nucléaire, à côté les pyramides sont des jouvencelles, c’est un peu effarant. Pourtant, il est manifestement outrancier pour l’ANDRA et par extension pour le gouvernement que des personnes s’opposent à ce projet et les militant.e.s anti-Bure sont surveillé.e.s de près ; l’occupation est sévèrement réprimée et les lieux de résistance perquisitionnés dans l’illégalité. Pour la blague, la conférence sur Bure s’est déroulée dans une yourte sur un éco-lieu et nous avons été survolé.e.s par un hélicoptère durant la discussion, un peu de plus et on se serait cru à Notre-Dame des Landes.

Nucléaire et santé : héritage de Tchernobyl et mensonges d’Etat

Le sujet de la santé et du nucléaire a été évoquée plusieurs fois et je ne m’attarderai pas forcément sur cet aspect car les informations que j’ai ne sont pas d’une grande précision et je préfère vous renvoyer vers l’association ETB (Enfants Tchernobyl Belarus) qui fait un travail fantastique de financement d’un institut de radio-protection indépendant qui permet aux populations de Biélorussie touchées par l’accident de Tchernobyl (le nuage est partie vers le nord-ouest donc malgré le fait que Tchernobyl fut en Ukraine, la Biélorussie est davantage touchée) de pouvoir mesurer le taux de radioactivité des enfants et la radioactivité de leur nourriture pour identifier les sources de contamination. Les mensonges qui entourent Tchernobyl sont si grands que je ne peux que vous en donner un aperçu : aujourd’hui seuls 15% à 20% des enfants de la zone contaminée naissent en bonne santé, 10% avec des multiples maladies chroniques et la situation sanitaire s’aggrave en raison de l’instabilité génomique provoquée par l’accident sur la population, en absence de nouvelle contamination. La zone de Fukushima, quant à elle, reste désertée par sa population la plus jeune, seuls les anciens étant revenus dans leurs lieux d’habitation. Dans cette province, des écoles, crèches, salles de sport et salles des fêtes toutes neuves attendent une population qui n’y reviendra jamais, ne croyant pas à la propagande du gouvernement qui voudrait que la zone sinistrée retrouve sa prospérité et sa densité d’antan, en négation totale de la réalité de la contamination du sol, de la végétation et des constructions humaines.

Nucléaire et effondrement : un désastre annoncé

Quand j’envisage un sujet, je le place toujours dans un contexte d’effondrement (c’est mon côté optimiste !). La collapsologie doit être envisagée de façon transversale puisque le changement de civilisation implique forcement des refontes profondes des fonctionnements en place, des systèmes de valeur. J’étais assez surprise qu’aucune conférence ne lie spécifiquement nucléaire et effondrement mais j’imagine aussi qu’il faut toujours, même en parlant de Tchernobyl, garder une vision résolument optimiste de l’avenir possible à partir de l’existant. Hors, quand on pense à l’effondrement, il est assez complexe d’envisager une fin heureuse sans que le parc nucléaire n’ait été démantelé ou a minima les centrales arrêtées avant le collapse. Les conséquences d’un défaut d’approvisionnement en eau, en électricité, une impossibilité ou un refus des employé.e.s de se rendre sur leur lieu de travail pour prévenir la catastrophe et on se retrouve devant une situation immédiatement apocalyptique, avec un effet domino possible. L’urgence de sortir de cette énergie est avant tout là pour moi, il s’agit d’éviter que l’on ait à gérer cela pendant une grave crise alimentaire, une révolution ou un nouvel ordre mondial, quel qu’il soit, dont les dirigeant.e.s pourraient tirer partie pour faire du chantage sécuritaire à la population. Utiliser une crise pour déclarer l’état d’exception, n’est-ce pas ce que de tout temps les marchands ont fait pour faire avancer leur idéal de domination et de contrôle, sous de fallacieux prétextes sécuritaires, en réponse à des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés ?

Alternatives : les solutions renouvelables et leur véritable impact

Puisqu’il ne s’agit pas seulement de dire non mais de proposer des choses très concrètes, de nombreuses conférences sur les énergies renouvelables, le stockage et la décentralisation de l’énergie ainsi que sur les externalités des éoliennes et panneaux solaires furent proposées. Elles ont été l’occasion pour moi de comprendre l’évolution de ces énergies et de relativiser leur impact, que l’on juge toujours grand. Mais il faut aussi comparer ce qui est comparable. Alors qu’aujourd’hui il existe des technologies de panneaux solaires entièrement recyclables, il faut garder à l’esprit que, même si ça n’était pas le cas, les conséquences de leur retraitement et l’extraction des métaux rares ne seront jamais aussi graves que celles du déni des externalités du nucléaire. Au-delà de ces considérations, les possibilités de créer des projets individuels et collectifs, portés par des citoyen.ne.s, permettent d’envisager sérieusement une décentralisation forte de l’énergie, donc moins de perte dans les installations HT, probablement davantage de sobriété (si je produis moi-même, je consomme moins car je sais ce que ça « coûte »). Tout le monde y gagne, enfin, peut-être pas EDF. Meilleur ne veut jamais dire meilleur pour tout le monde.

Paysages normands et franciliens

Marcher crée un lien fort entre les gens, passer du temps ensemble à lever le nez vers l’horizon, à regarder les champs à perte de vue, à chercher la route, à deviser sur les plantes sauvages ou les histoires personnelles. Parcourir l’espace entre le Cotentin et la capitale en un mois nous rappelle que notre pays n’est pas si vaste, une information qui, avec la prédominance systémique de la voiture individuelle, échappe à notre perception. Pourtant, c’est aussi cela, remettre de la lenteur dans notre civilisation, qui pourrait en empêcher l’effondrement. Le moyen donc, la marche revendicative, au-delà de la cause, appelle à une réflexion.

Lentement, sans hâte, nous avons longé les champs de lin, de maïs, de blé tout juste moissonné, les canaux, les rivières, la Seine, les villages, les châteaux, les collines, les sources, nous arrêtant pour observer la faune, la flore, discuter avec les autochtones curieux, les sceptiques et les réfractaires. Un millier de tracts, de personnes sensibilisées, de citoyen.ne.s aux conférences. Nous avons entendu des klaxons de soutien sur toutes les routes, des voix d’encouragement sur tous les chemins. Et nous avons finalement atteint la Défense puis les Invalides. Il fallait bien que cela s’arrête à un moment.   

Continuer de marcher

Partir de la Marche ne s’est pas fait sans un peu de tristesse. Pourtant, de part les hasards qu’elle a fait naître, les ami.e.s qu’elle a réuni.e.s, les discussions animées qu’elle a engendrées, la Marche ne se finit pas vraiment dans le temps. Ainsi chacun.e de notre côté, nous continuons de cheminer, de convaincre, d’aller vers cet avenir sans nucléaire auquel nous aspirons tou.te.s.

Un monde sans cette épée de Damoclès qui nous menacerait à tout moment, ou du moins un monde où ce risque n’est pas nié, puisque dès lors que des déchets existent déjà, il faudra les gérer. Sortir du nucléaire demande de se retrousser les manches, d’ouvrir grand les yeux sur la réalité de ce que cette énergie nous coûte, non pas financièrement mais écologiquement, humainement, démocratiquement, au niveau de la résilience de notre civilisation.

Malheureusement, c’est comme fumer, il ne fallait pas commencer !

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Résistance et transition
  • Ne vous y trompez pas ! Le colibri de la fable ne trie pas ses déchets, il ne prend pas des douches plus courtes, il ne fait pas du covoiturage, il utilise la totalité de son énergie vitale pour éteindre l'incendie dans la forêt qu'il aime. Soyons uni.e.s.
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