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Résistance et transition
15 novembre 2015

Le Zero Waste : un levier de changement de civilisation ?

Le Zero Waste en théorie

Bien que je ne défende pas la théorie selon laquelle une "consommation responsable" ou autre oxymore de la novlangue néolibérale puisse nous sortir de la purée économico-socialo-écolo-identitaire dans laquelle nous sommes, je réfute avec la même force le fait que changer ses habitudes domestiques ne soit qu'un leurre sans conséquences comme développé dans le court-métrage "Forget shorter showers".
Un positionnement politique militant n'empêche pas de vivre autrement et inversement. Au contraire, un choix de vie renforce une idée, lui donne vie, propage autour de soi une onde positive, prouve que l'on peut vivre heureux sobrement, différemment. C'est une condition nécessaire mais non suffisante. Une vie simple donne envie de défendre ses valeurs et donne un sentiment de sécurité et de légitimité puisque l'on ne saute pas dans le vide sans solution à proposer, en combattant le système capitaliste. On amorce déjà la transition.

Je m'intéresse dans cet article au Zero Waste, un courant écolo qui consiste à tendre asymptotiquement vers le fait de ne laisser derrière soi, au niveau individuel ou familial, soit aucun déchet non recyclable, soit aucun déchet tout court. La puissance de cette idée est qu'elle englobe presque automatiquement d'autres courants de pensée, la sobriété heureuse et la consommation localo-biologique. Pour cela, je dirais que le Zero Waste est un levier de civilisation puisque si les foyers ne produisent qu'une proportion infime des déchets du monde (moins de 5% seulement et les moins toxiques/polluants, la majorité des déchets étant produits par l'agriculture et l'industrie), le changement de perception que cette pensée engendre vis-à-vis de la notion de produit et de consommateur est capable de modeler, par l'intermédiaire de l'économie, la production elle-même. Certes supprimer 1/20 des déchets est insuffisant mais par effet boule de neige en somme, on peut en supprimer l'immense majorité.

Finalement, le blocage vis-à-vis du Zero Waste est davantage un blocage vis-à-vis de la notion de consommation où l'on ne se préoccupe pas du cycle de vie du produit et de la notion de citoyen-consommateur qui paraît si ancrée, même dans les milieux militants, qu'on ne sait pas comment s'en dépétrer. Lors d'un atelier citoyen que je coanimais il y a peu, on amenait un groupe à s'interroger sur les pièges à éviter par l'économie circulaire non marchande (mis en place dans les espaces libérés, par exemple sur la ZAD de Notre-Dame des Landes), pour ne pas retomber dans le dogme libéral. Les mots consommateurs et produits ont été prononcés plusieurs fois et remis en perspective lors du débriefing des mini-débats. Je les utilise moi-même dans ce texte. On ne sait pas quel mot utiliser pour certaines notions alors qu'il s'agit simplement de personnes ("citoyens" étant conotés politiquement) ayant besoin de manger et de se vêtir. Le discours dominant nous a vraiment contaminé jusque dans notre perception du réel et nos imaginaires. Nous n'avons besoin que d'être au chaud et de manger à notre faim. Le reste des besoins nous a été imposé et ne contribue pas toujours, et loin s'en faut, sensiblement à notre bonheur.

Le Zero Waste en pratique

L'alimentation est en fait le plus simple combat de l'aspirant Zero Waste, qu'il soit citadin et possède une épicerie biologique vendant en vrac près de chez lui, ou qu'il vive en milieu rural et ait à disposition une coopérative agricole, un moulin, une AMAP où il puisse faire le plein de légumes et de céréales, farines. Le Zero Waste demande néanmoins une organisation différente, des achats davantage "en gros", la volonté de se déplacer avec ses propres sacs et pots en verre. La diminution ou la suppression dans son alimentation des produits animaux peut aussi être une conséquence indirecte, mais pas forcément, certaines boucheries et fromageries proposant des emballages très légers et compostables. Pour aller plus loin, on peut se renseigner auprès du producteur pour savoir si l'aliment a été emballé à un moment donné, durant son transport. C'est le cas la majorité du temps.

Dans la salle de bain, être Zero Waste peut poser problème lorsque l'on a une peau très sèche ou des cheveux récalcitrants, mais lorsque ce n'est pas le cas, on peut s'en sortir avec un nombre faible d'articles Zero Waste : un savon non emballé (type Savon de Marseille bio) et un shampooing solide, une brosse à dents en bambou biodégrable, un dentifrice maison et un oriculi japonais (pour l'hygiène des oreilles).
Faire son propre dentifrice nécessite de l'argile blanche ultraventilée (pour ne pas abîmer l'émail), du bicarbonate de soude alimentaire (dont on pourra également se servir pour remplacer la levure chimique) ainsi que quelques gouttes d'huile essentielle de menthe. Mélanger l'argile et le bicarbonate à la proportion d'environ 5 pour 1 dans un petit récipient de préférence en verre, avant d'ajouter la menthe. Il est recommandé de ne pas ingérer le dentifrice malgré tout à cause de l'argile.

Mais Zero Waste, c'est aussi refuser d'acheter des articles neufs emballés sous plastique (jouets, articles de bricolage, piles, appareils électroniques, DVD, etc) y compris lorsque l'on fait un cadeau. On peut à peu près tout récupérer d'occasion ou mieux, réparer ou faire soi-même et le surcroît d'énergie que cela demande permet de réfléchir à la véritable utilité que l'on aura de l'objet, et dans la majorité des cas, en arriver à la conclusion que l'on peut s'en passer ou faire autrement, plus simplement. 

Le Zero Waste n'est pas une solution miracle ou un positonnement révolutionnaire. Il faut s'organiser politiquement, construire un nouveau paradigme. Mais dans cette optique, réduire nos déchets à zéro n'est pas une option non plus. C'est une condition supplémentaire à garder une planète vivable pour les générations futures.

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  • Ne vous y trompez pas ! Le colibri de la fable ne trie pas ses déchets, il ne prend pas des douches plus courtes, il ne fait pas du covoiturage, il utilise la totalité de son énergie vitale pour éteindre l'incendie dans la forêt qu'il aime. Soyons uni.e.s.
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