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Résistance et transition
19 août 2015

Choisir une activité sans rémunération : un positionnement philosophique

Le système capitaliste totalitaire, intervenant pourtant seulement récemment dans l'histoire humaine, a balayé d'un revers de main la totalité des autres systèmes sociaux potentiels et maintient son incontestable dominance, ainsi que son invasion parasitaire dans toutes les cultures humaines, par un refus farouche et déterminé d'ouvrír le débat sur les questions sociales, humanitaires et environnementales sans y inclure, prédominante et impériale, la question économique. La doxa dominante empoisonne, par une éducation aux seules consommation et compétition, les tendances naturelles humaines à la collaboration et à l'altruisme. Dans ce contexte, toute personne qui se positionne de facon tranchée contre le pouvoir de l'argent et du matérialisme sur nos sociétés sera immédiatement dénigrée sous différentes dénominations aux connotations, de vaguement à franchement, négatives. Le capitalisme a cela de fabuleux que sa dynamique est totalement endogène et qu'il est même capable de susciter et d'alimenter une révolte qu'il sera capable de maitriser, créant l'illusion d'une remise en question qui n'existe évidemment pas sur la scène publique.

Pourtant, de nombreux projets d'échange émergent, où l'argent n'est plus un élément conducteur de sens, remplacé par l'échange de temps, de connaissances ou de moments de vie et de partage simples. La nourriture et l'énergie appartiennent à la Terre mais l'homme peut en jouir de facon morale s'il ne détruit pas la source des bienfaits qui lui sont accordés. Un partage équitable des ressources n'est possible que sans accaparement et accumulation, donc sans argent. Il est dans l'intéret d'un systême totalitaire d'encourager ses initiatives mais aussi de les cadrer, et de leur donner une visibilité et une crédibilité limitées dans le temps et l'espace. Internet a considérablement accru le partage de connaissances et des échanges gratuits mais c'est aussi le royaume de la publicité, des informations non vérifiées et des vidéos de chats, et son impact écologique considérable équilibre mal ses potentiels bienfaits. A la vérité, Internet semble être davantage un domaine exutoire qui donne une illusion de liberté virtuelle dans une société qui ne laisse à ses citoyens qu'un nombre très limité de choix. Il est ainsi le parfait outil de la doxa dominante et il appartient à chacun d'en avoir une utilisation avisée.

Travailler sans être rémunéré peut paraître loufoque et absolument non viable. On imagine une situation transitoire, choisie ou subie mais qui ne peut être que limitée dans le temps du fait de la nature actuelle du fonctionnement sociétal dont personne ne pense pouvoir changer le moindre iota, même sur un long terme. Or, la réappropriation du temps au service de l'épanouissement personnel et de la construction de la société de demain est une condition indispensable à la mise en place d'une dynamique vertueuse qui replace l'humain au coeur de son existence, quand il en occupe, dans le paradigme sociétal dominant, la périphérie sous la forme du temps libre (soirées, week-end, vacances). Pour un nombre important de personnes, l'activité rémunérée est une condition de survie du fait d'un mode de vie qui rejoint ce que l'on nomme au sens large l'idéologie pavillionnaire ou pâtit simplement d'une dépendance importante à un confort occidental due ou non au développement d'une vie familliale sédentaire. Quoiqu'il en soit, de nombreuses personnes, baroudeurs, wwoofeurs, nomades, hermites et tous les développeurs d'autonomies, ont montré et montrent chaque jour à qui s'y intéresse que vivre sans argent ou presque est possible et que cela offre, à qui possède assez de volonté pour s'en faire un credo, cette liberté qui n'est pas celle de l'absence d'engagement mais celle de la possibilité de le choisir.

Si je fête en ces jours le cinquième anniversaire de la fin de ma vie professionnelle rémunérée, mon épanouissement dans le voyage, les projets écovolontaires et le partage de moments simples de vie avec des inconnus qui deviennent mon seul refuge et ce parachute imprévu qui pourtant me retient toujours, mon épanouissement, mon bonheur n'ont jamais été si grands et je voulais en témoigner.

A vous, mes amis.

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Résistance et transition
  • Ne vous y trompez pas ! Le colibri de la fable ne trie pas ses déchets, il ne prend pas des douches plus courtes, il ne fait pas du covoiturage, il utilise la totalité de son énergie vitale pour éteindre l'incendie dans la forêt qu'il aime. Soyons uni.e.s.
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